"Comme un oiseau de nuit pris dans la lumière, Serge Lama semble tout étonné de se trouver là, en face de Mireille Dumas, avenante et joyeuse, rassurante. L'attitude du chanteur est réservée mais l'oeil est vif, aux aguets. Le rire est puissant, l'homme est charmeur, fougueux, il parle franc. Inlassable troubadour, il n'a plus rien à prouver. Depuis quarante-cinq ans, il écrit des tubes sur l'amour, sur les femmes et encore les femmes, sur le manque, la nostalgie et toujours les femmes. Même les moins de 20 ans connaissent son répertoire parce que leur mère... Et bien oui, leur mère craquait pour Lama dans les années 1970-1980. Il les emballait avec «Je suis malade», vertigineux lamento chanté d'une voix de stentor sur toutes les scènes du monde. Elles sont aussi allées l'admirer sur scène dans «Napoléon», où son élan vital pulvérisait l'espace. Il revient, Lama, avec «l'Age d'horizon» pour nouvel album. Lumineux et une passion intacte pour les femmes, la musique, les mots, la vie. Il déteste les mièvreries maternantes, a cumulé les femmes autant qu'il les a chantées. Michèle, la mère de son fils, est pour toujours sur un piédestal. Pas de vie commune, une entente exceptionnelle, un fils épanoui, lui aussi sur le plateau aux côtés de son père.Mireille Dumas est une confidente hors pair. Avec elle, Serge Lama se retourne sur sa vie comme si celle-ci lui apparaissait pour la première fois. Son émotion contenue face aux images d'archives le rend vulnérable; il n'essaie pas d'esquiver son trouble, il endosse son image, répond sans forfanterie. L'homme est en acier trempé. On le devinait, son parcours le confirme. Enfance dans un meublé exigu, père chanteur d'opérette - «un talent inouï», affirme Marcel Amont. Une mère «midinette», n'ayant de cesse d'étouffer l'ambition de son mari. Il capitulera, deviendra représentant de commerce. «Je vengerai papa», décrète le jeune Serge épouvanté par les stratagèmes de sa mère. Il en a conçu une phobie de l'emprise. «Jamais personne n'aurait pu m'empêcher de chanter», déclare-t-il.A 11 ans il écrit des chansons, et les chante dans la foulée. A 22 ans, il aime à la folie une jeune femme de son âge. Les voilà en voiture en compagnie du frère d'Enrico Macias. Accident. Serge Lama est le seul survivant. Il perd l'usage d'une jambe et la femme de sa vie. Blessure traumatique qu'il distille dans tous ses textes dont le poignant «De port en port». «Douleur fondatrice, certainement... Beaucoup de mes chansons disent cette chose. Je suis à la recherche d'un absolu, comme si je n'allais jamais aboutir... J'aurais dû être mort», dit-il. Serge Lama égrène en mots sans fard ses tourments à fleur de mémoire, lancinants. Mais sans une once d'auto-apitoiement, même quand il observe presque cliniquement à quel point, à chaque seconde, sa jambe le rappelle à l'ordre. «J'ai passé ma vie à en souffrir», lance-t-il sans état d'âme. Sa jambe ? Moindre mal. Puisqu'il aurait dû mourir avec son merveilleux amour, il décide qu'il n'aura plus rien à perdre. Le public gagnera tout, ses textes habités, ses fulgurances scéniques, sa sensualité éclatante, et les femmes plébisciteront son machisme assumé. Il réussit à venger son père. En 1982, ils partent ensemble en tournée. Les images d'archives présentent une symbiose intense et vigoureuse entre ce père et ce fils réunis au-delà de la jalousie maternelle. En 1984, les parents de Serge Lama se tuent en voiture. Si le chanteur a calmé sa boulimie de scène, il reste hanté par l'écriture, sa vie, son air, sa respiration. «Si vous m'enlevez la chanson, vous ôtez l'homme», assure-t-il. On le croit."
lundi 6 octobre 2008
Spéciale "Vie privée, vie publique" : la critique
Le site "Nouvel Obs.com" met en ligne une "critique" suite à l'interview de Serge Lama dans l'émission "Vie privée, vie publique".
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